Chips est l’un des chiens les plus connus de l’histoire militaire américaine.

Parmi les milliers d’hommes mobilisés au front pendant la Seconde Guerre mondiale, un chien croisé de Berger Allemand, de Colley et de Malamute s’est distingué par des actes de bravoure hors du commun. Ce chien, c’est Chips. Né dans une famille ordinaire de Pleasantville, New York, il deviendra le chien de guerre le plus décoré du conflit. Voici son histoire.

Une jeunesse paisible dans l’Amérique d’avant-guerre 

Avant de devenir un héros de guerre, Chips menait une vie paisible auprès de la famille Wren. Il avait été offert à la famille par un éleveur, C.C. Moore, et avait très vite noué un lien particulier avec Gail, la fille Wren, qu’il accompagnait chaque jour à l’école. Fidèle compagnon, il n’hésitait pas à intervenir s’il pensait qu’un enfant jouait un peu trop brutalement avec elle.

Mais en 1942, tout change. Alors que l’Amérique est entrée en guerre, l’armée lance un appel aux citoyens : le programme "Dogs for Defense" invite les familles à offrir leurs chiens au service militaire. Les Wren, convaincus de contribuer à l’effort de guerre, prennent une décision difficile : ils offrent Chips à la nation.

Une formation militaire pour chien d’exception 

Envoyé au War Dog Training Center de Front Royal, en Virginie, Chips suit un entraînement rigoureux pour devenir chien de sentinelle. À l’issue de sa formation, il est affecté à la 3e Division d’Infanterie de l’armée américaine, l’une des unités les plus décorées de toute l’histoire militaire des États-Unis. Son maître désigné est le soldat John P. Rowell.

De 1942 à 1945, Chips va participer à huit campagnes militaires majeures : Afrique du Nord, Sicile, Italie, France et Allemagne. Ce chien de guerre au flair redoutable et au courage inébranlable sera impliqué dans certaines des opérations les plus décisives du conflit.

L’assaut héroïque de la plage sicilienne 

Le 10 juillet 1943, lors du débarquement allié en Sicile (Opération Husky), Chips et Rowell débarquent sous un feu nourri. Une mitrailleuse ennemie bien dissimulée bloque leur progression. Sans attendre les ordres, Chips se détache de son maître et fonce droit sur le nid de mitrailleuse.

Ce que raconte Rowell est saisissant :

« Il y avait un vacarme terrible. Puis j’ai vu un soldat italien sortir du bunker avec Chips à la gorge. Je l’ai rappelé juste à temps pour qu’il ne le tue pas. »

À lui seul, Chips met hors d’état de nuire les quatre soldats embusqués, provoquant leur reddition. Dans l’affrontement, il est blessé à la tête — une brûlure due à la poudre et un début d’entaille  — mais continue la mission.

Quelques heures plus tard, alors qu’il est en poste avec Rowell, Chips alerte son maître de l’approche de dix soldats ennemis. Grâce à son intervention, ces hommes sont capturés avant de pouvoir attaquer.

Un chien parmi les grands

Quelques mois plus tôt, en janvier 1943, Chips avait déjà été impliqué dans une mission diplomatique de haute importance. Affecté à la protection du sommet de Casablanca, il faisait partie de la garde rapprochée du président Franklin D. Roosevelt et du premier ministre britannique Winston Churchill. Selon une anecdote célèbre, Chips aurait même mordu le général Dwight D. Eisenhower lorsqu’il tenta de le caresser.

Des médailles... aussitôt retirées 

Pour son action héroïque en Sicile, Chips fut décoré par le général Lucian Truscott en novembre 1943. Il reçut la Distinguished Service Cross, la Silver Star et le Purple Heart pour blessure en service. Mais quelques semaines plus tard, l’armée annula ces récompenses : les règlements militaires interdisaient alors d’attribuer des décorations aux animaux, aussi valeureux soient-ils.

Refusant que cet acte de bravoure passe inaperçu, les hommes de la 3e Division décidèrent de lui rendre hommage à leur manière : ils lui attribuèrent officieusement une Theater Ribbon avec flèche d’assaut et huit étoiles de campagne.

Retour au foyer, puis reconnaissance tardive 

En décembre 1945, Chips fut démobilisé et retrouva la famille Wren à Pleasantville. Affaibli par ses blessures et les conditions de guerre, il s’éteignit en 1946, à peine un an après son retour.

Mais son souvenir ne s’est pas éteint avec lui. En 1990, Disney adapta son histoire dans un téléfilm intitulé "Chips, the War Dog". Et il fallut attendre le XXIe siècle pour que ses actes soient enfin honorés à leur juste valeur.

🐾 Sa médaille est désormais exposée au 3rd Infantry Division Museum de Fort Stewart, en Géorgie.
🐾 En 2018, il reçut à titre posthume la PDSA Dickin Medal, équivalent britannique de la Croix de Victoria pour animaux.
🐾 En 2019, il fut décoré de la Animals in War & Peace Medal of Bravery, une distinction américaine.
🐾 En 2019, une statue lui a également été dédiée dans le Lasdon Park à Katonah, non loin de sa ville natale. Elle rend hommage à tous les chiens de guerre.

Chips n’était ni un chien de pure race, ni un animal d’élite. C’était un chien ordinaire au courage extraordinaire. Son courage solitaire face aux armes ennemies incarne parfaitement la devise de son unité : « Not fancy, just tough »Pas élégant, juste courageux. Par son instinct, sa fidélité et son audace, Chips a sauvé des vies et marqué l’histoire de l’armée américaine.

 

CHIPS

CHIPS et le Général EISENHOWER, 1945

CHIPS et le Général EISENHOWER, 1945

CHIPS chien de guerre de retour dans sa famille, 1945

CHIPS de retour dans sa famille, 1945

Statue de Chips, chien de guerre

 Statue de CHIPS, Katonah (New York)

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