Bien que le chien soit considéré comme le meilleur ami de l'homme, il reste, dans la langue française, lié à des termes péjoratifs. Cette vision découle d’une époque où le chien était avant tout un animal utilitaire que l'on pouvait mépriser ou maltraiter.
Un temps de chien. Pendant longtemps, les chiens étaient mal perçus dans la société, n'ayant pas le statut d'animaux de compagnie comme c'est le cas aujourd'hui. Autrefois, ces animaux étaient considérés comme sales et indésirables. Ainsi, lorsque des pluies violentes s'abattaient sur les villes ou les villages, tout le monde se réfugiait à l'abri, tandis que les chiens, eux, restaient exposés aux intempéries. L'expression "un temps de chien", attestée au XVIIe siècle, tire son origine de cette période où le chien n'était pas un compagnon apprécié, mais plutôt un symbole de malpropreté et de rejet. Le mot "chien" lui-même avait une connotation péjorative et insultante.
Comme chien et chat. Depuis des siècles, une rumeur persistante affirme que les chiens et les chats ne peuvent cohabiter harmonieusement. Cette idée reçue a donné naissance à l'expression "être amis comme chien et chat" au XVIe siècle, pour décrire des ennemis. C’est au XVIIe siècle que l’expression est devenue celle que nous connaissons aujourd’hui, "s'entendre comme chien et chat".
Arriver comme un chien dans un jeu de quilles. L'expression remonte au XVIIIe siècle, époque où le jeu de quilles, précurseur du bowling, était très en vogue. Imaginez un chien courant soudainement au milieu de ce jeu délicat, prêt à bouleverser la partie ! Le jeu de quilles se pratiquait en plein air, où il était courant de voir un chien se faufiler et devenir le trouble-fête.
Se regarder en chien de faïence. L'expression vient du XVIIe siècle, lorsque des figurines de chiens en faïence décoraient les cheminées. Placés face à face, ces chiens donnaient l'impression de se fixer avec raideur et méfiance. Leur position figée, silencieuse, traduisait un échange tendu et immobile, inspirant l’expression qui évoque aujourd'hui un regard froid ou défiant entre deux personnes.
Les chiens ne font pas des chats. L'expression souligne que les enfants héritent souvent des caractéristiques de leurs parents, que ce soit physiquement ou dans leur comportement. Apparue au XIXe siècle, elle met davantage l'accent aujourd'hui sur la transmission des traits de caractère, notamment pour critiquer certains défauts transmis de génération en génération. Elle était, en 2014, l'expression préférée de 32% des Français.
Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage. L'expression signifie qu’il est facile de trouver de faux prétextes pour discréditer ou éliminer quelqu’un. Née au XIIIe siècle et popularisée par Molière, elle illustre l’usage de la calomnie pour justifier des actes malveillants.
Les chiens aboient, la caravane passe. L'expression tire ses racines d'un proverbe arabe apparu au Moyen-Orient au XIXe siècle. Originellement, elle faisait référence au comportement des chameaux au sein des caravanes nomades, qui traversaient les déserts d’Afrique du Nord. En chemin, ces caravanes – composées de files de chameaux transportant des voyageurs et des marchandises – croisaient souvent des campements surveillés par des chiens de garde. Ces derniers aboyaient en signe d’alerte ou de défense face à l’approche de la caravane, mais les chameaux continuaient leur route, imperturbables. Ce comportement symbolise la capacité d’une personne à ignorer les critiques pour poursuivre son objectif.
Garder un chien de sa chienne. L'expression signifie préparer une vengeance en réponse à une offense subie. Cette expression, utilisée dès le XVIIIe siècle, évoque le chien de manière péjorative et indique un "cadeau empoisonné" destiné à jouer un mauvais tour à quelqu'un.
Avoir un air de chien battu. L'expression désigne une apparence triste et résignée. Historiquement, le chien était souvent maltraité, considéré comme un animal méprisable et utilisé pour des tâches ingrates. Cette métaphore est devenue populaire au XXe siècle, notamment en littérature, pour illustrer la vulnérabilité ou la mélancolie d'un personnage.
Nom d'un chien ! L’expression est une exclamation utilisée pour exprimer surprise ou mécontentement. Son origine remonte à une époque où l’usage du nom de Dieu dans les jurons était proscrit, poussant à utiliser des euphémismes. Le mot "chien" remplaçait alors "Dieu" dans certaines expressions pour éviter les connotations blasphématoires, tout en conservant un sens péjoratif.
Ne pas attacher son chien avec des saucisses. L'expression signifie être avare, en évitant de dépenser inutilement. Originaire du XVIIe siècle, elle fait référence à l'absurdité de lier un chien avec une laisse comestible, que l’animal dévorerait aussitôt. Le sens a évolué vers l’idée de modération extrême dans les dépenses. On la retrouve dans des œuvres littéraires et sous diverses variantes aujourd'hui.
Malade comme un chien. On utilise cette expression pour décrire quelqu’un de très souffrant. Cette image est héritée du XVIIe siècle, où les chiens étaient perçus comme de simples animaux de travail, affectés aux tâches de garde, de chasse ou de troupeau. Ils étaient relégués à l’extérieur, exposés aux intempéries, et lorsqu'ils tombaient malades, leur état n’éveillait pas de compassion, ils n'étaient jamais soignés et mourraient seuls dans l'indifférence générale. Ce traitement reflétait leur statut de l’époque. Aujourd'hui, bien que les chiens soient davantage choyés, l'expression demeure.
Entre chien et loup. L'expression désigne le crépuscule, le moment où la lumière diminue, rendant difficile de distinguer un chien d'un loup. D'origine ancienne, elle apparaît dès le IIe siècle dans des textes hébraïques, puis au VIIe et XVIe siècles dans la littérature française. Cette expression a également pris des sens métaphoriques, comme des idées floues ou une attitude ambivalente. Elle reste symbolique de la transition entre le jour et la nuit.
Avoir du chien. L'expression qualifie une personne ou chose dotée d'un charme particulier, souvent non conventionnel, voire un peu audacieux. La formule s’est popularisée dans le langage courant vers la fin du XIXe siècle pour désigner une certaine élégance ou originalité séduisante. Contrairement aux autres usages où l’idée de "chien" est souvent associée à quelque chose de négatif ou désobligeant, cette expression se distingue par son sens valorisant.
Attention au chien ! est l'équivalent moderne de l'expression latine Cave Canem, une mise en garde fréquemment visible à l’entrée des maisons romaines. On retrouve cette mise en garde de manière emblématique dans la mosaïque de l'entrée principale de la maison du Poète tragique à Pompéi, où un chien est représenté au sol. Cet avertissement visait autant à alerter les visiteurs qu’à dissuader les intrus. Les fouilles archéologiques à Pompéi ont révélé d’autres exemples de ces mosaïques illustrant des chiens de garde, notamment dans la maison d’Orphée et dans un thermopolium, découvert en 2019. L’inscription "Cave Canem", en plus de son rôle dissuasif, reflète donc un usage décoratif mais aussi protecteur, omniprésent sur le seuil des maisons romaines.