La mémoire de Kántor reste vivace dans le cœur des Hongrois.
Ce chien policier, symbole de loyauté et de dévouement, a marqué l'histoire de son pays par ses exploits et son partenariat exceptionnel avec son maître, Tibor Tóth.
Les débuts d’une collaboration exceptionnelle
Tout commence en 1953, lorsque Kántor, alors âgé de six mois, est confié à Tibor Tóth. Parmi une portée de seize chiots, Kántor est celui qui réagit le plus vivement à la voix de son futur maître, scellant ainsi le début d’une relation unique. Jeune policier âgé de 21 ans, Tibor Tóth s’était distingué par son talent et son ingéniosité, notamment en introduisant en Hongrie l’identification olfactive, une méthode novatrice qu’il a perfectionnée pendant trois ans et qui s’est répandue dans toute l’Europe. Kántor est devenu l’incarnation vivante de cette avancée.
En 1953, la Hongrie lance son premier programme de formation de chiens policiers. Seules quelques personnes sont sélectionnées pour y participer, et Tibor Tóth fait partie des élus. Kántor se distingue rapidement par ses capacités hors normes. Diplômé en tête de sa promotion, il devient officiellement le 10 mai 1953 le chien de recherche de la préfecture de police du comitat de Vas.
Une carrière hors du commun
La première mission de Kántor porte sur une affaire de vol de poules. Rapidement, il se fait un nom en démasquant voleurs à l'étalage, cambrioleurs, contrebandiers et meurtriers. Infatigable, il parcourt plus de 78 000 km en onze années de service, parfois suivant des pistes sur des distances de plus de 100 km. Lorsqu’il sent que le coupable est proche, il tire sur sa laisse avec une intensité croissante, guidant son maître avec une précision remarquable.
Kántor participe à 279 opérations de recherche, récupérant environ 1,2 million de forints pour leurs légitimes propriétaires. Ses talents sont reconnus nationalement : il remporte le concours national des chiens de recherche en 1954, 1957 et 1961, confirmant son statut de chien exceptionnel, sans égal en Hongrie et au-delà.
La fin tragique d’un héros
En mission près du lac Fertő, Kántor marche sur une mine qui met fin à sa carrière. Bien qu’il ne soit pas tué sur le coup, ses blessures sont si graves qu’il doit être euthanasié le 21 juin 1964. Ce jour-là, tout un pays pleure son héros. Tibor Tóth, surnommé « Csupati », lui fait ses adieux avec cent roses et une bouteille de cognac, incapable d’évoquer sa perte sans émotion profonde. « Pour les autres, il était une légende ; pour moi, il était mon ami », confiera-t-il.
Un héritage durable
Le corps naturalisé de Kántor est exposé au Musée de l’histoire de la police, où il continue d’inspirer des visiteurs de toute la Hongrie. En 1970, Rudolf Szamos publie le livre Kántor nyomoz (Kántor enquête) qui devient rapidement best seller avec 1 million d'exemplaires vendus rien qu'en Hongrie, suivi de Kántor a nagyvárosban (Kántor dans la grande ville). Traduits en plusieurs langues, ces ouvrages captivent des millions de lecteurs.
Entre 1975 et 1976, une série télévisée en cinq épisodes retrace les aventures de Kántor et de son maître. Le rôle principal était joué par le fils de Kántor, Tuskó, qui travaillait également avec les forces de l'ordre. Plus récemment, en 2023, un nouveau livre intitulé Kántor öröksége (L’héritage de Kántor) renouvelle l’intérêt pour ce berger allemand légendaire.