Un comble pour le pays qui a vu naître la race du berger allemand !
Le berger allemand incarne depuis des décennies l’image du chien policier par excellence. Avec sa silhouette imposante, son intelligence aiguisée et sa polyvalence, cette race, née en Allemagne à la fin du XIXe siècle, a longtemps été le compagnon privilégié des forces de l’ordre dans son pays d’origine. Pourtant, un concurrent sérieux a émergé ces dernières années : le berger belge, et plus particulièrement le Malinois. Cette montée en puissance soulève une question intrigante : le berger belge a-t-il supplanté le berger allemand dans la police allemande ? Et si oui, quel paradoxe pour la nation qui a donné naissance à cette race légendaire !
Une évolution perceptible à travers les chiffres
Pour éclaircir ce mystère, plongeons dans les données fournies par les sources officielles et les rapports régionaux. En 2011, un article de Focus Online mettait en lumière une tendance frappante dans le Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie (NRW), l’un des plus grands d’Allemagne. À cette époque, la police locale comptait 281 Malinois en service contre seulement 26 bergers allemands. Ce contraste saisissant semblait indiquer une transition marquée vers le berger belge. À Dortmund, dans le même Land, un article de WR.de de 2013 rapportait que le dernier berger allemand avait quitté le service en 2007, remplacé progressivement par des Malinois.
Mais cette évolution n’est pas uniforme. En Bavière, par exemple, les bergers allemands restaient la race de prédilection en 2011, selon les mêmes sources. Plus récemment, en 2024, le site officiel de la police de NRW révèle que sur un effectif de 305 chiens de service, les Malinois dominent largement, mais d’autres races, y compris le berger allemand, continuent d’être acquises et utilisées. En Saxe, la police liste également le berger allemand parmi ses chiens en activité, aux côtés des Malinois, des Schnauzers géants et des Rottweilers. Ces chiffres montrent une préférence croissante pour le Malinois dans certaines régions, sans pour autant signaler une disparition totale du berger allemand.
Pourquoi ce virage vers le Malinois ?
Plusieurs raisons expliquent cette montée en popularité du berger belge. D’abord, ses qualités physiques : les Malinois sont souvent perçus comme plus rapides, plus robustes et moins sujets à des problèmes de santé comme la dysplasie de la hanche, un mal récurrent chez les bergers allemands. Günther Bonke, expert au Landesamt für Ausbildung und Fortbildung der Polizei (LAFP) en NRW, soulignait en 2011 que ces atouts, combinés à une motivation et un courage exceptionnels, faisaient du Malinois un choix privilégié pour les missions exigeantes. À Dortmund, leur instinct de pistage aiguisé et leur agilité ont également été mis en avant comme des avantages décisifs.
Le facteur économique joue aussi un rôle. Dans les Länder sans élevage propre, comme le NRW, le coût d’acquisition des Malinois peut être plus avantageux. Cependant, il ne faut pas caricaturer : les bergers allemands conservent des qualités précieuses, comme leur capacité à travailler en équipe et leur polyvalence, qui les maintiennent dans la course.
Le sous-titre de cet article – Un comble pour le pays qui a vu naître la race ! – pointe du doigt le paradoxe de cette situation. L’Allemagne, berceau du berger allemand, voit une race étrangère s’imposer dans ses propres forces de l’ordre. Pourtant, cette évolution n’a rien d’une trahison. Elle reflète une adaptation pragmatique aux besoins actuels des unités canines, où chaque race apporte ses forces. Le Malinois excelle dans la rapidité et l’endurance, tandis que le berger allemand brille par sa stabilité et sa capacité d’adaptation à une variété de tâches. Plutôt qu’un remplacement, c’est une complémentarité qui semble se dessiner.
Alors, remplacement ou coexistence ?
En définitive, non, le berger belge n’a pas entièrement remplacé le berger allemand dans la police allemande. Si les Malinois ont pris l’ascendant dans des régions comme le NRW, les bergers allemands restent bien présents en Bavière, en Saxe et ailleurs. Cette coexistence illustre la diversité des pratiques au sein des polices régionales allemandes, chacune adaptant ses choix aux exigences locales.
Quant à l’avenir, le Malinois pourrait continuer à grignoter du terrain, porté par ses atouts physiques et économiques. Mais le berger allemand avec ses qualités éprouvées, n’est pas près de tirer sa révérence. Ce dernier reste majoritaire, tandis que le Malinois s’impose comme un outil complémentaire pour des missions ciblées. Cette coexistence reflète une stratégie d’adaptation aux défis sécuritaires modernes, sans effacer l’héritage du "chien policier allemand".
Sources :
- Polizeihunde: Hat der Schäferhund bald ausgeschnüffelt? - FOCUS online
- Vier Pfoten im Einsatz | Polizei NRW
- Polizeihunde-Diskussion: Warum haben belgische Polizei-Hunde mehr Biss? | Regional | BILD.de
- Darum ersetzen belgische Spürnasen die deutschen Schäferhunde - WR.de
Il est à noter que les données récentes précises sur le nombre de chaque race sont rares, et les articles postérieurs à 2013 sont limités. Cela pourrait refléter une stabilisation des pratiques. La tendance observée reste néanmoins claire : une augmentation des effectifs pour les Malinois, sans remplacement total des bergers allemands.