Une lutte pour l’âme du Berger Allemand.

Le Berger Allemand, l’une des races canines les plus emblématiques au monde, est au cœur d’une bataille idéologique et pratique entre deux organisations majeures : le Verein für deutsche Schäferhunde (SV), fondé en 1899 par Max von Stephanitz, et le SchäferhundVerein RSV2000, créé en 2007 par le Dr Helmut Raiser. Cette opposition reflète des divergences profondes sur l’avenir de la race, entre préservation des qualités utilitaires et adaptation aux standards modernes.

Avec environ 60 000 membres, le SV reste la principale organisation dédiée au Berger Allemand. Fondé par Max von Stephanitz, considéré comme le père de la race, le SV a longtemps été le gardien des standards morphologiques et comportementaux du Berger Allemand. Cependant, ces dernières années, le SV a été critiqué pour avoir privilégié l’esthétique au détriment des qualités utilitaires et de la santé de la race. Les Bergers Allemands modernes, souvent élevés pour les concours de beauté, sont accusés de souffrir de problèmes de santé, notamment de dysplasie de la hanche et du coude, et d’avoir perdu une partie de leur polyvalence originelle.

Ces critiques ont conduit à des dissensions internes. En 2012, un groupe de membres du SV, l’Initiativ-gruppe SV, s’est formé pour défendre une vision plus équilibrée de la race, mettant l’accent sur la fonctionnalité, la morphologie et la santé. Bien que ce groupe ne compte que quelques centaines de membres, il témoigne d’une prise de conscience croissante des limites du modèle actuel du SV.

Face à ces critiques, le RSV2000 s’est positionné comme une alternative radicale. Fondé par le Dr Helmut Raiser, un éleveur et juge renommé, le RSV2000 se présente comme l’héritier légitime de l’idéal de Max von Stephanitz. Selon H.Raiser, le Berger Allemand doit avant tout être un chien de travail, capable d’exceller dans des tâches utilitaires. Pour cela, le RSV2000 prône l’exploitation de « toute la gamme du standard » et la sauvegarde de l’ensemble du pool génétique de la race, rejetant les pratiques d’élevage qui réduisent la diversité génétique.

Le RSV2000 organise ses propres épreuves de travail, mettant en avant les capacités physiques et mentales des chiens. La rivalité entre le SV et le RSV2000 reflète une division plus large au sein de la communauté des éleveurs et amateurs de Bergers Allemands. D’un côté, le SV, avec son influence historique et son réseau étendu, reste dominant mais doit faire face à des critiques croissantes. De l’autre, le RSV2000, bien que plus petit, incarne une vision puriste de la race qui séduit de nombreux éleveurs et propriétaires déçus par l’évolution du SV.

Cette opposition n’est pas seulement idéologique ; elle a des implications pratiques. Les éleveurs affiliés au RSV2000 privilégient des lignées de travail, reconnues pour leur robustesse et leur polyvalence, tandis que ceux du SV privilégient des chiens répondant aux standards esthétiques actuels. Ces choix renforcent la distinction déjà marquée entre les lignées de beauté et de travail. Suite à la création du RSV2000, le RSVglobal a vu le jour. Cette organisation à but non lucratif, sœur du RSV2000, a pour mission de préserver les chiens de berger allemand et belge ainsi que leurs ressources génétiques. Son objectif est donc de promouvoir l’élevage mondial de chiens de travail sains et performants.

L’avenir du Berger Allemand en question
La question centrale qui oppose le SV et le RSV2000 est celle de l’identité même du Berger Allemand. Faut-il privilégier l’esthétique et la conformité aux standards de concours, ou revenir aux racines utilitaires de la race ?  Est-il possible de concilier performances et esthétisme ? Ces questions dépassent le cadre de la simple rivalité organisationnelle et touche à l’essence de ce qui fait un Berger Allemand. Alors que le SV cherche à moderniser son image et à répondre aux critiques, le RSV2000 continue de défendre une vision traditionnelle, voire nostalgique, de la race. Cette tension entre tradition et modernité, entre fonctionnalité et esthétique, est au cœur de l’avenir du Berger Allemand. Plutôt qu’une simple opposition stérile, cette rivalité devrait aboutir à une évolution positive pour le Berger Allemand. L’idéal serait un avenir où son riche héritage – polyvalence, robustesse et intelligence – serait préservé, tout en s’adaptant aux défis contemporains, notamment en matière de santé et de bien-être. Le débat entre le SV et le RSV2000 pourrait ainsi devenir une opportunité pour réconcilier les deux visions et redonner à la race toute sa splendeur fonctionnelle et morphologique.

Car au-delà des clivages, l’objectif commun reste le même : garantir que le Berger Allemand demeure non seulement un chien de travail et de compagnie exemplaire, mais aussi une race durable, loin des excès qui ont pu la fragiliser.

sv rsv2000

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